vendredi 8 octobre 2010

Une histoire qui finit bien

Bobom. Biiip. Bobom. Biiip. Bobom. Biiip. Biiip. Biiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiip...
Les médecins s'activent.
L'appareil qu'ils manipulent est capable de ramener à la vie un corps tout juste mort. Une femme aux yeux rougis est entraînée hors de la pièce. On tire les stores.
« Mon bébé ! hurle-t-elle en frappant la vitre de ses poings. Mon bébé ! Rendez-moi mon bébé ! »
On passe près d'elle, on s'apitoie un peu, on hâte le pas, on est gêné. Cette femme dérange, avec sa douleur. La douleur, ça fait mal, mais quand ce n'est pas la nôtre, elle dérange.
La femme, réalisant que cela ne sert à rien, s'arrête soudainement. Elle aperçoit un banc, y laisse tomber son corps bouleversé, puis, ses larmes ne tarissant pas, fixe la porte. Cette porte derrière laquelle se joue le plus dangereux des jeux. Le jeu de la vie et de la mort. Un jeu dont l'issue peut-être une fin ou un début.
La femme attend, fébrile.
On ouvre la porte. On sourit, on tend le bras en arrière, on invite la femme à entrer. On dit des choses sur un ton joyeux, aussi, mais la femme n'entend pas. Elle se précipite au chevet de son enfant. Le jeu est terminé. Les médecins ont gagné. Dans le lit, il y a un corps, un corps encore jeune, un corps tout chaud et plein de vie. Avec ses cheveux blonds éparpillés sur l'oreiller, ses paupières fermées, sa bouche entrouverte, sa robe blanche d'hôpital, et sa peau pâle, toute pâle, qui reprend des couleurs, elle dort. Elle a tout l'air d'un ange.
C'est une histoire qui finit bien.

Elle avait grandi

Elle courait. À en perdre haleine. Elle s'arrêta brusquement, regarda autour d'elle de ses yeux affolés, fit brusquement demi-tour, poursuivit sa course effrénée. Rien ne lui était familier. Elle s'était perdue.
Ici, tout était étrange. Tout était étrange, mais ressemblait à s'y méprendre à ce qu'elle pouvait avoir connu ; sans l'être. Là-bas, la maison de son enfance. Proprette, joliment peinte. Identique à ce qu'elle avait toujours été. Mais, lorsque la fillette s'en approcha, luttant contre la brume invisible qui lui gelait le coeur, et regarda par la fenêtre, elle s'aperçut que la demeure était vide. Bien sûr, les meubles étaient toujours là. Le vieux piano de son grand-père, qui emplissait jadis la maison de notes teintée de joie et de mélancolie ; le vieux fauteuil de son père, dans lequel il lisait chaque jour son journal, pestant de temps en temps, souriant quelque fois ; la vieille porte de la cuisine, qui, tout en grinçant, délivrait d'alléchantes odeurs par les froides soirées d'hiver... Mais le piano était fermé et recouvert de poussière, tout comme le fauteuil. La porte béait sans émettre un son. L'enfant soupira, envoyant un nuage de buée se poser sur la vitre pour s'effacer lentement. Cette maison n'était pas la sienne.
Presque à contrecoeur, la fillette se détacha de la maison. À mesure qu'elle s'en éloignait, il lui semblait qu'un étau se desserrait lentement autour de son coeur. Elle se retourna une dernière fois pour observer la bâtisse sans vie. Même le petit nuage de buée, de souffle humain, avait disparu.
Et elle se remit à marcher.
Dans la rue s'alignaient des maisons, toutes identiques, qui semblaient s'étendre ainsi à l'infini. Depuis quand marchait-elle dans cette rue ? Quand y était-elle entrée ? Sans posséder de réponses, elle cheminait silencieusement, ayant pour seule compagnie le petit fantôme de vie qui s'exhumait de ses narines gelées. Lorsqu'elle tournait la tête, elle pouvait voir sur les fenêtres différents épisodes de sa courte vie. Ils étaient sans saveur, de simples images qui ne signifiaient plus rien. Peu à peu les souvenirs se firent moins denses. La jeune fille finit par ne plus voir dans les fenêtres que son propre reflet. Elle inspira une grande bouffée d'air froid, planta son regard dans le ciel gris et morne, puis commença à marcher à pas plus vifs.
Elle avait grandi.

Deux textes très courts

Alors que je comptais recopier sur l'ordinateur quelques textes griffonnés sur mon petit carnet vert (Oui, mon carnet est vert, ce détail est très important !), je suis tombée sur des petits trucs vraiment très courts... Les voici ^^ (C'est vraiment du remplissage, je vous l'accorde, mais je me voyais mal les coller à la suite d'un texte du plus long.)


L'envie brûlait dans son regard.
La fièvre flambait en ses yeux.
Et brusquement, sans crier gare,
Il se propulsa jusqu'aux cieux.
Libre.


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De derrière les arbres
Surgit soudain
Du plus profond de la nuit
Une étoile filante