vendredi 3 septembre 2010

Fuite inutile

[Texte écrit, à l'origine, pour une présentation sur un forum RPG]


Ce soir-là, la lune était pleine. Un nuage stagnait devant elle, filtrant la faible lumière qu'elle diffusait. Dans cette nuit à la fois sombre et lumineuse, deux adolescents marchaient. La rue était déserte. Pas une voiture, pas un chien, ne venait troubler l'imposant silence qui régnaient en maître sur la ville. Tant mieux pour eux. Le contraire eut été un catastrophe.
« Je... Je ne suis pas sûre que ce soit vraiment une bonne idée... murmura une jeune fille, la plus petite des deux silhouettes.
- Ne t'en fais pas, Naki, lui répondit son compagnon en passant un bras derrière son épaule. Tout va bien se passer. Dans très peu de temps, nous serons libres ! Et alors... »
L'adolescent n'acheva pas sa phrase. Il avait parlé trop fort, et il lui semblait à présent entendre des bruits. Des bruits d'humains réveillés. Il s'était arrêté, les oreilles dressées, la queue battant l'air dans un mouvement d'inquiétude. Naki s'arrêta à son tour.
« Que se passe-t-il, Raito ?
- Ne traînons pas. Plus on s'éloignera du Domaine, plus on sera en sécurité, répondit-il. Viens ! »
Naki sentait, dans l'intonation de sa voix, que Raito était inquiet. Malgré tout, il ne lui faisait pas part de ses craintes. Il les gardait, enfermées au plus profond de lui même, pour ne pas casser Naki. Elle était si fragile, petite fleur dont les pétales ne demandaient qu'à tomber ! La jeune Neko lui en fut reconnaissante. Raito la prit par la main, et courut. Il courait vite, et Naki avait du mal à suivre. Toutefois, elle faisait de son mieux pour tenir la cadence. Sans cela, leur fugue n'aurait servi à rien. Fugue. Ce mot, qui lui avait semblé, quelques temps plus tôt, doux comme un morceau de nuage qui viendrait se frotter contre votre joue, il lui semblait maintenant rugueux, rèche. Fugue. Oui, maintenant, Naki détestait ce mot.
La nuit n'était plus si silencieuse, à présent. L'écho de leur course folle se réverbérait contre chaque mur, chaque maison, chaque rue, dans tout la ville. Naki ne savait plus s'ls couraient depuis des secondes, des minutes, des heures. Elle savait juste que ses poumons, en feu, réclamaient désespérément de l'oxygène.
« Raito, supplia-t-elle, arrêtons-nous !
- Trop tard. La ville commence à se réveiller. Bientôt, les gens du Domaine vont s'apercevoir de notre disparition, et appeler la police. Et alors... »
Il n'eut pas besoin d'achever sa phrase. Naki comprit. Et alors, la police les rattraperait, les rendrait à leurs maîtres, et ceux-ci, pour les punir, les priveraient de nourriture, de sommeil, ou les tueraient. Si la police ne l'avait pas déjà fait auparavant. Une sifflement, strident et suave, retentit dans la nuit. La sirène de police. Le son était tout proche. Trop proche.
« Raito ! pleura Naki. On n'y arrivera pas ! Ils ont des voitures, et... »
Le mutisme de son compagnon fut sa seule réponse. Naki accéléra encore, puisant dans ses dernières ressources d'énergie.Mais ce qui devait arriver arriva. Bientôt, la voiture de police, toute sirène hurlante, apparut droit devant eux, au détour d'un virage. Les hybrides firent aussitôt demi-tour et coururent dans l'autre direction. Mais c'était peine perdue.
« Eh, vous ! hurla un agent de police dans son mégaphone. Arrêtez-vous ! »
Raito se retourna, et montra son majeur aux policiers. Alors, les détonations fusèrent dans la nuit. Le corps de Raito, inerte et criblé de balles, retomba au sol comme une vulgaire poupée de chiffon.
« Raito ! » hurla Naki.
L'adolescente se mit à genoux devant le corps de son défunt camarade, seul ami dans sa misère, et pleura toutes les larmes de son corps. Pleurer était la seule chose qu'elle savait faire correctement. On lui attrapa les bras sans ménagement, pour la conduire dans la voiture, mais Naki n'en avait cure : Raito était mort.

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